04/03/2020

Le goût des embruns

Une Partie de badminton

de Olivier Adam, 2019, Flammarion


Disponible à la médiathèque

On retrouve dans Une Partie de badminton (son douzième roman), Olivier Adam, l'auteur qui semble se soigner à l'eau de mer et aux falaises, dans un jeu de miroir réjouissant avec son double littéraire, Paul, déjà rencontré au fil de ses romans depuis 5 ans avec la parution de Des vents contraires.

Dans cette dernière aventure, le Paul d'Adam, après une parenthèse parisienne, se retrouve fauché après l'échec de ses trois derniers livres: "pas vraiment Faulkner non plus", "il était passé de mode ou peut-être avait-il écrit de mauvais romans."
Il emménage à Saint-Lunaire, coquette petite station proche de Dinard, fief de Nicolas Hulot, où il a été embauché comme journaliste à l'hebdomadaire local "L'Emeraude".
Après "cinq ans de vie parisienne et de loyers extravagants", le narrateur aspire à une existence "apaisée et légère" avec sa compagne Sarah et ses enfants Manon et Clément.

Pari perdu: sa vie familiale est brutalement mise à l'épreuve dans cet environnement beaucoup plus chahuté que prévu, en particulier hors saison sans la gaieté des estivants. Ici aussi exister peut s'avérer "un sport de rue".
"Exister, sûr, c'est pas du badminton, exister si j'avais su, aurais-je décliné la donne", fredonne Alain Chamfort dans une chanson de son dernier album qui donne son titre au livre.

Pour Paul, c'est un peu la loi de l'emmerdement maximum. Il est copieusement servi en contrariétés entre la chute de standing, son dos en vrac, les vertiges des cachets de codéine qu'il gobe comme des bonbons, les tensions de couple, la fugue de sa fille, harcelée sur les réseaux sociaux, la mort d'un ami écrivain...Ses mésaventures s'enchaînent à une telle cadence qu'elles composent un irrésistible "feel-bad-book" à l'humour beaucoup plus prononcé que d'ordinaire.

On retrouve avec plaisir Olivier Adam qui oscille entre autobiographie et fiction. Ecrivain né dans Les Lisières qu'il a fuies pour Paris et un nouveau milieu social pour fuir à nouveau en Bretagne.
On retrouve Paul, son avatar, assumant ses bons et mauvais côtés: névroses, lombalgie, dépression, problème d'alcool...une incapacité à être au monde avec pour seul aide les livres qu'il écrit.

Christine C.-R.

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